Voie ferrée enherbée

Conception de solutions de gestion intégrée de la végétation ferroviaire

Le mardi 6 mai 2025, Tiana Rakotoson a soutenu sa thèse en agronomie « Conception de solutions de gestion intégrée de la végétation ferroviaire », préparée dans l’UMR Agronomie (Université Paris-Saclay, AgroParisTech, INRAE), sous la direction de Muriel Valantin-Morison (UMR Agronomie), encadrée par Safia Médiène (UMR Agronomie) et Jean-Marc Meynard (UMR SADAPT) et supervisée par Stéphanie Gaillard (RATP Infrastructures).

Résumé de la thèse :

Le transport ferroviaire nécessite une gestion rigoureuse de la végétation pour garantir la sécurité des infrastructures et assurer la fluidité du trafic. Historiquement, les herbicides, notamment le glyphosate, constituaient la solution privilégiée pour limiter la croissance de la végétation ferroviaire. Cependant, pour des raisons environnementales et réglementaires, les gestionnaires ferroviaires doivent explorer des alternatives durables. Cette thèse CIFRE INRAE – RATP vise ainsi à concevoir des solutions innovantes et intégrées, conciliant enjeux de sécurité, efficacité opérationnelle et respect de l’environnement.

Le premier chapitre de la thèse est basé sur une expérimentation factorielle, visant à évaluer et améliorer la végétalisation des voies comme moyen de maîtriser les populations adventices. Trois modalités d’implantation de couverts végétaux compétitifs ont été étudiées : l’hydromulching, le semis direct et les rouleaux de gazon. L’expérimentation montre que le semis du couvert par l’hydromulching, souvent cité comme la solution optimale, est très sensible aux aléas climatiques, tels que la constitution d’une croute sèche en surface du ballast. En définitive, cette expérimentation enrichit les connaissances sur la végétalisation des voies, mais ne permet pas de prendre en compte la diversité des communautés adventices, la diversité des attentes des acteurs ou les combinaisons de solutions. Pour surmonter ces limites, nous avons adopté une autre démarche, basée sur un double diagnostic développé dans les chapitres 2 et 3 :

(i) un diagnostic écologique qui vise à identifier les communautés végétales présentes dans l’environnement ferroviaire et d’évaluer leur impact sur les activités ferroviaires comme la maintenance ou la conduite. Ce diagnostic montre que les espèces présentes sur les voies sont généralement adaptées aux perturbations liées au passage des trains, tandis que celles des talus se caractérisent par une abondance d’espèces pérennes et compétitives. L’analyse des co-occurrences suggère une migration de certaines espèces depuis les talus vers les voies, notamment des espèces relevées à proximité des incidents ferroviaires, telles que Robinia pseudoacacia. Ce lien entre la végétation des talus et celle des voies constitue un enjeu clé pour la gestion de la végétation ferroviaire.

(ii) En complément, un diagnostic des situations d’usage a permis d’analyser la manière dont les acteurs de la gestion ferroviaire (par exemple agents de maintenance, conducteurs ou encore collectivités locales) perçoivent la végétation et interagissent avec elle. Un premier résultat est la mise en avant, par une partie des acteurs, des services rendus par la végétation : la gestion de la végétation n’est pas qu’une question de sécurité. L’analyse des critères d’évaluation de la végétation nous ont permis d’identifier 6 groupes d’acteurs, ayant chacun des enjeux propres vis-à-vis de la végétation. La mise en évidence de ces groupes d’acteurs constitue une étape importante du processus de conception, car elle permet de définir des personae, c’est-à-dire des profils-types d’usagers des solutions en construction.

Ce double diagnostic a servi de base pour concevoir, avec les acteurs concernés, des solutions innovantes, lors d'ateliers de conception décrits dans le chapitre 4. Les solutions conçues sont adaptées à la flore et aux contextes d’action, et mêlent dimensions techniques et organisationnelles. Cette recherche met en lumière l’importance d’une approche systémique et participative pour développer des pratiques de gestion durable de la végétation ferroviaire, adaptées aux contraintes du milieu ferroviaire. Elle ouvre des perspectives vers une meilleure articulation entre solutions écologiques et exigences de sécurité, ainsi qu’une évaluation à long terme des solutions de gestion de la végétation ferroviaire mises en place pour assurer leur efficacité et leur pérennité.