habitations à promixité de zones agricoles, cliché Christophe Maitre, INRAE
proximité des zones agricoles et des habitations en France

Exposition des riverains aux pesticides : quelle proximité des zones agricoles et des habitations en France ?

Dans un arrêté pris en 2019, le gouvernement français définissait des zones de non traitement à proximité des habitations afin de limiter l’exposition des riverains aux pesticides. Pour autant, la surface agricole occupée par ces zones proches des habitations et la nature des espèces y étant cultivées n’avaient encore jamais été étudiées. Une équipe de chercheurs et enseignants- chercheurs de notre UMR a caractérisé ces zones à l’échelle la France entière. Les résultats varient fortement selon les petites régions agricoles et en fonction de la distance aux habitations utilisée pour les définir.

Le dispositif de zones de non traitement adopté en 2019 prévoit, à proximité des habitations, des distances de sécurité minimales de 5 à 10 m sans application de produits phytosanitaires. Toutefois, ces distances sont jugées insuffisantes par des associations environnementales qui demandent leur augmentation jusqu’à 150 m afin d’assurer une meilleure protection des riverains. A l’inverse, la profession agricole met en avant les risques de pertes de rendement sur ces zones non traitées.

Pour connaitre la superficie de terres agricoles potentiellement concernée et les espèces qui y sont cultivées, les chercheurs ont combiné deux bases de données de l’IGN : le Registre Parcellaire Graphique qui fournit chaque année une cartographie des parcelles cultivées en France, et la BD TOPO qui indique la localisation des bâtiments à usage résidentiel. Ils ont ainsi identifié les surfaces agricoles à proximité des habitations pour des distances allant de 5 à 150 m et pour 23 types de cultures différentes. Les résultats, publiés dans la revue Building and Environment, indiquent que 5% de la surface agricole totale métropolitaine est située à moins de 50 m d’une habitation. Ce chiffre progresse rapidement pour atteindre 30% lorsque l’on considère une distance de 150 m aux habitations.

Les prairies (non traitées) sont le principal type de culture que l’on retrouve à proximité des habitations, suivies par les céréales (blé, maïs, orge), puis le colza et les vignes. Par ailleurs, certaines cultures pourraient être plus impactées que d’autres par la mise en place de zones de non traitement, quelle que soit la distance appliquée. Ainsi, les chercheurs ont estimé que 32 à 45% des vignes et 37 à 53% des vergers métropolitains sont situés à moins de 150 m d’une habitation, quand ce chiffre tombe à 20% pour les céréales. Cela est d’autant plus notable que les vignes et vergers font partie des cultures les plus traitées.

La mise en place de zones de non traitement pourrait donc avoir un fort impact sur la production agricole à l’échelle nationale, la réduction des pesticides étant souvent associée à des pertes de production et à des impacts sur certaines composantes de la qualité des produits. Pour autant, la présence importante de cultures traitées à proximité de bâtiments résidentiels nécessite une attention quant à son effet potentiel sur l’exposition du voisinage aux pesticides.

Référence :

Building and Environment, How much agricultural land is there close to residential areas? An assessment at the national scale in France, Nicolas Guilpart, Iris Bertin, Muriel Valantin-Morison, Corentin M.Barbu – UMR Agronomie (AgroParisTech – INRAE) DOI : https://doi.org/10.1016/j.buildenv.2022.109662

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