Revue de la littérature sur l’impact du changement climatique et des stratégies d’adaptation sur les légumineuses à graines en Europe

Quarante articles ont été sélectionnés pour évaluer l’impact du changement climatique sur les légumineuses à graines en Europe. Ils simulent les performances de huit espèces de légumineuses à graines dans des conditions climatiques futures (2020-2100) grâce à des modèles à base de processus (process-based models), des modèles de niches écologiques ou des modèles statistiques. Pour évaluer l’effet de l’adaptation, étant donné le manque de données en Europe, la zone d’étude a été élargie pour inclure des régions climatiquement similaires.

L'analyse met en évidence un déséquilibre important entre le nombre d’études sur le soja et sur les autres légumineuses à graines, le soja représentant environ 80 % des études sélectionnées. Ces études s’accordent sur un impact positif du changement climatique sur les rendements du soja dans le nord de l'Europe. A l’inverse, la probabilité de pertes de rendement est élevée dans le sud et le sud-est de l'Europe. Pour les autres légumineuses à graines, les études sont trop peu nombreuses pour pouvoir conclure, bien que les quelques données disponibles suggèrent une distribution spatiale similaire à celle du soja.

Cet article montre également que plusieurs stratégies d'adaptation sont susceptibles d'atténuer l'impact négatif du changement climatique sur les performances des légumineuses à graines ou d'en renforcer l'impact positif. L’irrigation, le décalage de date de semis et le choix de la variété figurent parmi les stratégies simulées les plus prometteuses. Pour finir, cette revue de la littérature identifie plusieurs lacunes qui, si elles étaient comblées, favoriseraient le développement des légumineuses en Europe. En particulier, un manque de données a été constaté pour le pois, la féverole, la lentille et le pois chiche, malgré le rôle clé que jouent ces espèces dans les politiques européennes environnementales, agricoles et nutritionnelles. Par ailleurs, les modèles utilisés ne prennent pas toujours en compte l’effet de l’élévation des concentrations en CO2 et en ozone sur les cultures, ni l’impact du changement climatique sur les bioagresseurs. Intégrer les agriculteurs et acteurs des filières dans le processus de modélisation permettrait de guider les futurs travaux de modélisation en identifiant des entrées et sorties pertinentes pour les modèles et en élargissant la gamme de stratégies d'adaptation testées et d'indicateurs évalués.

Référence Bibliographique:
Marie Marteau-Bazouni, Marie-Hélène Jeuffroy, Nicolas Guilpart,
Grain legume response to future climate and adaptation strategies in Europe: A review of simulation studies,
European Journal of Agronomy,
Volume 153, 2024,

Accès gratuit temporaire:
https://authors.elsevier.com/a/1iF6I47-Da3Xrk